Dans le mouvement actuel d’ouverture des données et des métadonnées (open data), qui est rendu possible par les technologies numériques et qui concerne l’ensemble des acteurs publics et privés, ce sont à la fois le partage et l’enrichissement des connaissances, et la transparence qui sont en jeu. Cette ouverture s’inscrit donc dans le cadre des missions de service public et est soutenue, voire impulsée, par des acteurs divers (Europe, État, entreprises, associations ou citoyens). Elle répond aussi à des besoins forts différents. Du simple partage pour faciliter la réutilisation des données jusqu’à la création de nouveaux objets par leur combinaison innovante avec celles provenant d’autres entrepôts, le spectre d’utilisation des données ouvertes est large.
Pour que les données dites ouvertes soient utilisables, il est important de faciliter leur compréhension, leur manipulation et l’interopérabilité technique entre les données que l’on publie et celles d’autres entités. Nombre d’outils sont nécessaires pour garantir aux données ouvertes ces qualités, au premier rang desquels normes et standards techniques qui définissent, à la fois pour une communauté donnée et pour les autres communautés, les concepts essentiels et le point de vue adoptés par cette communauté, ainsi que plus concrètement les règles et méthodes de production et de contrôle des données. Depuis quelques années, de nombreuses normes de description applicables aux archives sont en cours de révision et d’évolution à l’échelle nationale et internationale. Un modèle conceptuel et une ontologie formelle pour la description des archives sont en préparation par le CIA. Divers projets plus locaux explorent les mêmes voies. Enfin, les technologies du Web de données offrent aux archivistes des moyens pour construire et rendre « cherchables » et navigables des réseaux de données, pour connecter ces réseaux avec d’autres réseaux et pour exposer des données ouvertes réutilisables.
Que peuvent changer ces outils dans nos méthodes de description, dans notre vision des archives et dans notre rapport aux données produites par d’autres communautés ? Que peuvent-ils apporter aux archivistes et aux services d’archives ? Comment les mettre en œuvre de manière à la fois intelligente et réaliste ? Au-delà des normes et modèles, ne faut-il pas envisager également de construire des référentiels communs, tels que des vocabulaires (suivant la démarche commencée avec le Thésaurus pour la description et l’indexation des archives locales anciennes, modernes et contemporaines) et des fichiers d’autorité ?
La démarche de construction d’entrepôts de données ouvertes contribue également à redéfinir la relation entre le producteur des archives et l’archiviste. Elle implique en outre d’envisager de nouveaux partenariats avec des entités de droit privé et avec le secteur de la recherche, avec les initiatives associatives telles que Wikimédia. Elle rend enfin nécessaire l’utilisation ou la redéfinition de licences pour permettre la réutilisation, totalement libre ou non, des données. Que peut-on apprendre des expériences et réflexions déjà menées dans le domaine ?