Découvrez le descriptif de cette communication dans le cadre de la séance ci-dessous :
Grand témoin
Présidence : Grégoire CHAMPENOIS
- Les archives tunisiennes entre dictature et conservatisme, comment y accéder?, Hedi SAIDI
Il faut ouvrir les archives de la dictature tunisienne
Comment garantir un gouvernement provisoire qui tourne le dos à la corruption et la combatte, qui saura créer les conditions d’élections réellement démocratiques ?
Comment s’assurer un gouvernement qui rompe définitivement avec le passé ?
À cette question que se pose tout pays qui vient de renverser une dictature, les mouvements de citoyens de l’Allemagne de l’Est ont apporté une réponse il y a vingt ans : en exigeant l’ouverture des archives du régime qui avait instauré la dictature et, avant tout, les archives de la répression.
Contrairement à toutes les craintes, l’ouverture des archives de la police politique (Stasi) n’a pas donné lieu à des règlements de comptes ou à des actes de vengeance. Elle n’a pas perturbé la paix sociale, selon l’argument que l’on oppose à toute demande d’ouverture d’archives dites «sensibles», et qui relève d’une fausse croyance.
Les Tunisiens ont le droit d’apprendre et de comprendre comment ils ont pu vivre pendant trois décennies sous une dictature. Ils ont le droit de connaître le degré de corruption à tous les niveaux et le nom des responsables. Ils ont le droit de connaître les mécanismes de la terreur policière dont ils ont été les victimes. Pour éviter qu’une telle expérience se répète, ils ont eux aussi le droit et le devoir de se réapproprier leur histoire. À nouveau, le peuple tunisien doit montrer l’exemple.
L’ouverture des archives de la dictature et leur consultation pour écrire l’histoire de cette sombre période font partie du processus de démocratisation en cours. Elle est l’une des conditions d’élections démocratiques.
L’enjeu est décisif pour l’avenir du monde arabe.