Découvrez le descriptif de cette communication dans le cadre de la séance ci-dessous:
Archives, changement de paradigme? Présidence : Sophie COEURÉ
- Faut-il garder le terme « archives » ? Des « archives » aux « données », Christine NOUGARET / Françoise BANAT-BERGER
- Le « retour du sujet » et les archives. L’archivistique contemporaine est-elle postmoderne ?, Didier DEVRIESE
Le « retour du sujet » et les archives. L’archivistique contemporaine est-elle post-moderne?
L’histoire de l’archivistique a fait l’objet d’un nouvel intérêt ces dernières années. Outre quelques grandes synthèses (Delsalle, 1998), divers auteurs ont traité des fondements de la discipline (Horsman, Ketelaar et Thomassen, 1998), des liens et tensions entre histoire et archivistique (Duchein, 1998 ; Devriese, 2009), d’une histoire paradigmatique de l’archivistique (Cook, 1997 ; Ketelaar, 1997 ; Dahlin, 2000 ; Blouin et Rosenberg, 2011) ou encore de la nécessité de revoir en profondeur le statut de l’archive, par exemple au miroir des sciences sociales (Muller, 2006).
Par ailleurs, de nombreux essais, notamment épistémologiques, interrogent indirectement ou directement le concept et la notion d’archives, depuis les textes célèbres de Foucault (L’archéologie su savoir, 1969) de Ricoeur (Temps et récit, 1983), de Touraine ( Le retour de l’acteur, 1983), de Farge et Foucault Foucault (Le Désordre des familles, 1982) ou encore de Derrida (Mal d’archive. une impression freudienne , 1995)… pour en modifier radicalement la signification épistémologique, en étendre la définition, se saisir de leurs usages scientifiques et donc sociaux et politiques. Ainsi, notamment du « glissement » des archives à l’archive, tel chez Foucault et Derrida.
Ailleurs encore, l’apparition d’Internet et la multiplication de l’accès à une forme encore mal définie « d’information » soulève la question de la confusion ou plutôt de la révision des frontières entre données et archive(s) et des pratiques en sciences sociales (Muller, 2011).
L’épistémologie des sciences humaines – de l’histoire, des sciences de la communication, de la sociologie etc. – pose donc questions à l’archivistique : c’est ainsi que peuvent s’appliquer aux archives les interrogations synthétisées par François Dosse (1998), questions épistémologiques qui mènent par exemple à de nouvelles pratiques sociologiques (par exemple Latour, 1979) et, par effet domino, à de nouvelles archives – à moins que ce ne soit à un nouveau regard, post – moderne, sur des archives déjà constituées.
Je me propose d’interroger ces évolutions paradigmatiques et leur(s) effet(s) – ou non – sur l’archivistique et les archives elles-mêmes, en particulier au travers du prisme des archives personnelles, depuis les archives militantes jusqu’à l’efflorescence de l’ego sur le Net.