Le premier forum national des archivistes qui débute aujourd’hui propose trois jours de réflexion professionnelle, d’échanges scientifiques et de moments conviviaux.
M. Xavier de la Selle, après avoir remercié les organisateurs et partenaires, a rappelé que l’idée d’un tel forum remonte à 2010 et souligné le grand rôle de l’Association des Archivistes Français dans son organisation. Le choix s’est porté sur Angers pour trois raisons : elle allie les avantages d’une ville de province à la présence sur place de nombreux professionnels et d’une des plus anciennes formations en archivistique. L’un des enjeux du forum est de « parvenir à faire jouer à l’AAF son rôle fédérateur », sans toutefois remettre en cause les autres structures, face aux défis que sont les projets de règlement européen sur les données personnelles et de loi sur le patrimoine. Cette actualité met en lumière le besoin de « montrer le caractère unitaire du métier pour peser dans les débats publics ». Il formule donc le souhait que, grâce à ce forum, « les tensions deviennent fertiles » et génèrent de la créativité. Ce forum se veut donc ouvert et prospectif.
M. Hervé Lemoine, représentant Madame la Ministre de la Culture, a expliqué l’intérêt porté par la ministre pour les archives, un intérêt qui s’exprime par le placement du forum sous son patronage. Il a présenté le riche programme de ces journées, qui reflète les nombreuses interrogations soulevées aujourd’hui : le caractère fluctuant du métier (dû à l’évolution technologique, aux bouleversements juridiques et institutionnels, à l’usage des archives et à la place des Sciences Humaines et Sociales dans la société). A ce sujet, le projet de loi Patrimoine qui vient d’être présenté au Premier Ministre par Madame la Ministre Aurélie Filipetti réserve aux archives une réelle place. Il vise à prendre en compte l’ensemble des problématiques du domaine. La Ministre souhaite en effet intégrer le numérique, reposer le périmètre de la domanialité publique et revenir sur le régime de protection des archives privées. Une autre de ses préoccupations concerne le projet de règlement européen sur la protection des données individuelles, dans lequel le point de vue des archivistes doit être pris en compte. Un « malentendu » serait à l’origine du projet (le règlement empièterait sur les données publiques et personnelles, en « méconnaissant » les Archives), et le représentant craint que « nous n’aurions plus d’archives pour demain ». Selon lui, le projet est paradoxal puisqu’il s’agirait de rendre inexploitables des données publiques et en même temps d’en encourager la réutilisation dans le cadre de l’Open Data.
Marine VAUTIER et Pierre HAMEL