Découvrez le descriptif de cette communication dans le cadre de la séance ci-dessous:
Quelles interactions entre administration, demande sociale et archivistes dans la collecte des archives ?, présidence : Elisabeth VERRY
- Records management et archives intermédiaires, deux approches complémentaires, Bernadette FINE
- Conflits sociaux, identité et archives en Guadeloupe, Anne LEBEL
- Documents à conserver pour les besoins des recherches administratives, Isabelle MALFANT-MASSON, Antoine DJIKPA et Gérald POSTANSQUE
Depuis plusieurs décennies, on assiste à la massification de la production d’archives. Pour enrayer le phénomène, la gestion et le contrôle des « documents d’activités » est organisée de plus en plus tôt et de manière continue. Le records management, désormais normalisé au niveau international, se substituerait donc aux traditionnelles notions d’archives courantes et administratives puisque son action s’étend de la création du document à la fin de son utilité administrative.
Dans l’organisation, pourtant, le records management est une approche de gestion d’archives parmi d’autres. Dans un même établissement, en effet, l’archiviste doit s’adapter aux processus de création et d’utilisation des documents produits par les diverses activités. Si l’administratif se prête bien au records management, il en est différemment pour les activités conceptuelles, pionnières ou innovantes. Dans le premier cas, les processus de création et d’utilisation de documents sont prévisibles car régis en amont par des consignes internes ou par la réglementation : on peut donc gérer ces archives de manière continue et linéaire dans le temps. Dans le second cas, l’interaction entre les relations interpersonnelles, le contexte professionnel et la personnalité de chaque acteur suscite des projets rarement prévisibles a priori mais destinés à être périodiquement adaptés, recyclés, voire enrichis du fait de leur valeur stratégique et symbolique forte. Pour ce type de dossiers, la pratique de l’archivage courant et intermédiaire est particulièrement adaptée.
Les processus de création et d’utilisation des dossiers jouent donc un rôle déterminant dans la relation que les services producteurs entretiennent avec les Archives. Connaître ces processus peut permettre de jouer sur la complémentarité des approches et donc d’instaurer une collecte plus riche et un suivi des archives plus fluide. C’est ce que cette contribution se propose de montrer, en s’appuyant sur les études anthropologiques récentes et sur l’expérience de l’auteur.