par Sarah Cadorel et Odile Gaultier-Voituriez
Au sein de la séance « Nouveaux objets archivistiques identifiés« , mercredi 30 mars 2016 de 14h à 17h, présidée par Nicolas Larrousse.
Réseau de plusieurs laboratoires en sciences sociales du politique, le consortium Archipolis, labellisé Huma Num, s’attache à mettre en place, au plus près de la pratique scientifique, des outils et procédures communs pour le référencement, la collecte et la préservation d’archives d’enquêtes numériques ou papier. Partenaire d’un équipement d’excellence, DIME-SHS , il offre aussi, après éventuelle numérisation, une possibilité d’exposition numérique pour les données d’enquêtes menées avec des méthodes qualitatives : la banque d’enquêtes beQuali. A travers une réflexion partagée sur l’objet archivistique que constitue l’enquête en sciences sociales, le tandem Archipolis-beQuali réfléchit à la mutualisation des moyens pour valoriser et archiver au prisme du numérique. Il s’agira de voir, à travers cette expérience conjointe, dans quelles mesures le numérique favorise la collecte et la préservation des archives d’enquêtes, quelles en sont les opportunités, les limites et leur impact sur la pratique archivistique.
En identifiant un besoin, celui de la mise à disposition d’archives d’enquêtes à des fins à la fois patrimoniales, pédagogiques et scientifiques, une communauté composée de chercheurs, d’archivistes et de documentalistes a construit un dispositif transversal.
En effet, les enquêtes, souvent intégrées dans les fonds de chercheurs, collectives et financées par plusieurs appels à projet ou institutions, sont difficilement identifiables comme un tout et accessibles en un lieu spécifique, en dépit de leur intérêt pour la communauté scientifique. Dans ce contexte, en vue de leur réutilisation, elles deviennent une unité documentaire à part entière et nécessitent un large réseau d’interlocuteurs pour en faire une collecte sélective et les décrire. Si cela peut sembler contradictoire avec la logique de producteur chère à l’archivistique, cela reflète une réalité du terrain.
Pour mettre en œuvre cette entreprise collective, le numérique joue un rôle central sur toute la chaîne de traitement. Depuis l’inventaire jusqu’à la mise en ligne, il permet par exemple de réduire le sentiment de dépossession de la part des chercheurs au moment de la collecte (Both, Cadorel 2014). Néanmoins, en pratique, garantir la pérennité de l’information numérique ne s’avère pas si simple. Aussi le processus de numérisation, souvent vu comme une solution miracle, pose la question de l’anticipation des contraintes techniques et juridiques liées à l’ouverture et à l’usage de ces archives et données.
Contributeurs:
Sarah Cadorel est archiviste au Centre de données socio-politiques de Sciences Po depuis décembre 2012. Elle a en charge la collecte et le traitement des fonds d’enquêtes nativement numériques ou numérisés en vue de leur conservation et de leur communication sur la plateforme de mise à disposition des enquêtes beQuali. Dans ce cadre elle est amenée à élaborer la structuration des données et métadonnées descriptives dans ce double objectif de pérennisation et de diffusion. Elle est également responsable avec Émilie Groshens de la coordination du développement et de la maintenance du portail beQuali ainsi que des développements à venir de la plateforme de mise à disposition des enquêtes. Elle intervient également au sein du consortium labellisé Huma-Num, Archipolis, pour des travaux de signalement et de préservation d’archives d’enquêtes en Sciences sociales du politique. Par ailleurs elle co-pilote avec Magalie Moysan le groupe de travail « Archives scientifique » au sein de la section Aurore de l’AAF.
Odile GAULTIER-VOITURIEZ est responsable du centre de documentation du CEVIPOF, de la documentation, des archives, des données et de l’édition scientifique, elle est notamment chargée de la conception, de la gestion et de l’animation du fonds documentaire du CEVIPOF. Elle participe à plusieurs groupes de travail transversaux au sein de Sciences Po et collabore avec les différentes directions. Elle est aussi chargée d’enseignement en master à Sciences Po et dans d’autres établissements universitaires.
Emilie Groshens est chargée de ressources documentaires au Centre de données socio-politiques de Sciences Po depuis juin 2014. Dans le cadre de l’Equipex DIME-SHS, elle est chargée du développement et de l’enrichissement de la banque d’enquêtes qualitatives en sciences sociales beQuali. Ses activités relèvent principalement de la collecte d’archives, de la préparation à la numérisation, du traitement des données et de leur mise en ligne pour la communauté scientifique. Elle a aussi en charge la définition des évolutions de la banque de données et la gestion des demandes d’utilisateurs. Elle participe également à des groupes de travail transversaux, sur les données de la recherche notamment, et au consortium Archipolis.